mardi 1 avril 2014

Comte, joker philosophique ?

Emmanuel Lazinier

Vous souhaitez critiquer une thèse philosophique, ou plus modestement affirmer qu'elle est dépassée ? Attribuez-la à Auguste Comte, le penseur qui a eu tout faux ! Sécurité absolue : personne n'ira vérifier !

Dans un précédent billet, je m'en prenais à ceux qui cherchent à discréditer Auguste Comte en lui attribuant les pires travers.

Aujourd’hui, je voudrais élargir quelque peu l'analyse des augustes Contes, en parlant de ceux qui, sans chercher à ridiculiser ni à diaboliser Comte, sans même nier son importance, ne lui attribuent pas moins sans sourciller à peu près n'importe quoi.

Dernier exemple sur lequel je tombe : un livre publié par les très sérieuses presses de l'Université de Cambridge (UK) : Sacred and Secular: Religion and Politics Worldwide, (Cambridge, CUP, 2004). Que dit la quatrième de couverture ?


Comment les auteurs et l'éditeur de ce savant ouvrage peuvent-il croire ce qui précède compatible avec ceci ?


Une fois de plus, il y a de quoi être sidéré. On veut bien voir en Comte un seminal thinker, mais on n'a pas idée du titre de son principal traité !

Et ce phénomène ne date pas d'aujourd'hui. Je trouve une affirmation analogue dans un ouvrage de 1925, Science, religion and reality (New York, Macmillan), sous la plume de Joseph Needham :
There is so much even in the highest religion that seems archaic and obstructive, that some thinkers, like Comte in the last century and Croce at the present day, can make out a case for treating religion as half-baked philosophy, and predicting its disappearance. There are, however, no signs that this is likely to happen ; (p. 374)
A suivre...

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